Dernière mise à jour : décembre 2020
Présentation
Depuis que vous avez commencé à préparer Sciences Po, un mystérieux mot revient inévitablement dans vos recherches et vous n’y comprenez rien ? Ou alors vous n’avez même jamais entendu cet obscur concept ?
Le parcours civique : qu’est-ce que c’est ? Le parcours civique, c’est un nouveau pilier de la scolarité à Sciences Po, instauré par l’acte II du Collège universitaire. Ce fameux acte deux, soyez sûr-e-s de le connaître un peu, car c’est la grande réforme que Sciences Po a mis en place pour son collège universitaire à la rentrée 2017, et ils en sont très fiers. Dans cette réforme, une place centrale est réservée au tout nouveau « parcours civique ». Ce parcours civique constitue une obligation de scolarité que les étudiant-e-s doivent suivre assidûment durant leurs 3 ans de Bachelor. Sciences Po l’a instauré dans l’idée de récompenser et de reconnaître académiquement l’implication associative et militante de nombreux-ses sciences-pistes. Ces différents engagements ne faisaient pas l’objet d’une valorisation académique jusqu’alors, ce qui a poussé Sciences Po à changer son fonctionnement. Ce nouveau module consiste donc à s’engager pendant 3 ans au service d’une cause qui nous tient à cœur, au contact de publics variés.
Et cet engagement se déroule en plusieurs temps :
– En première année, vous aurez à rédiger une « lettre d’engagement ». Dans cet écrit qui fait environ 2 pages, il s’agit de décrire une cause qui vous tient à cœur, d‘expliquer pourquoi et de donner vos envies d’engagements par rapport à cette cause. Concrètement : je peux choisir d’axer ma lettre sur l’écologie, et expliquer pourquoi je pense qu’il est fondamental de s’impliquer au service de l’environnement, et que pour ce faire je voudrais devenir bénévole au sein de telle ou telle association pour sensibiliser les jeunes à la pollution de l’air.
– À la fin de la 1ère année : on vous demandera de faire un stage d’un mois en rapport avec la cause que vous avez décrite dans votre lettre d’engagement. Votre stage devra être effectué dans une structure extérieure à Sciences Po et au contact direct des publics concernés (Sciences Po désire vraiment voir ses étudiant-e-s s’engager et non pas rester assis sur une chaise à gérer des dossiers administratifs). Par exemple : je m’engage pour le féminisme, je peux faire mon stage dans une association d’aide aux femmes victimes de violences sexistes et/ou sexuelles, où je serais amené-e à réaliser des veilles téléphoniques pour aider ces femmes, accompagné-e de mon/ma tuteur/tutrice. Ce stage sera évalué grâce à un rapport de stage que vous écrirez (d’environ 2-3 pages) et une fiche d’évaluation remplie par votre tuteur ou tutrice de stage.
– Tout au long de votre 2ème année : vous aurez à réaliser ce que Sciences Po appelle « un projet civique libre« . Ça consiste en quoi ? Il s’agit cette fois de reprendre un peu le même principe que le « stage civique », mais étalé sur toute l’année, ce qui permet de suivre un projet sur le long cours. Vous devrez donc trouver une structure proche de votre campus, qui accepte de vous accueillir régulièrement pendant l’année (environ 3h par semaine), pour que vous puissiez travailler avec cet organisme sur une durée totale de 75h annuelles. Concernant les attentes, ce sont à peu près les mêmes que pour le stage civique mis à part le format : il faut que pendant ces heures hors de Sciences Po vous effectuiez des missions en rapport avec la cause que vous défendez depuis la première année, avec un contact direct avec les publics que vous ciblez. L’évaluation se fera au même moyen que le stage civique.
– En 3ème année enfin: vous pourrez, si vous le souhaitez, effectuer un nouveau projet libre mais cela reste optionnel. Mais surtout : c’est pendant cette année que vous rédigerez votre Grand Écrit, qui résumera vos années de Collège universitaire à Sciences Po, en mettant l’accent sur votre travail de parcours civique, et en retraçant les évolutions que celui-ci a pu provoquer chez vous. Ce fameux écrit constituera l’évaluation finale et la condition de l’obtention de votre diplôme de Bachelor de Sciences Po.
Comme vous le voyez, le parcours civique va vous suivre tout au long de votre scolarité au Collège universitaire, et les équipes qui l’ont imaginé le considère comme « la colonne vertébrale » de votre scolarité. Cependant, les élèves de la promotion 2022 qui sont les premiers à l’expérimenter dans leur scolarité relèvent en ce moment même de nombreuses contraintes et difficultés dans sa mise en place, ce qui laisse supposer qu’il sera amené à être modifié dans les mois/années qui arrivent. Restez donc vigilant-e-s et informé-e-s, car cela restera une énorme partie de votre scolarité à Sciences Po. Il peut donc être utile d’esquisser quelques idées d’engagements lors de la procédure d’admission.
Témoignages
Trois étudiantes de Sciences Po partagent leurs expériences :
Au moment de rédiger sa lettre d’engagement, Cosette, actuellement en 3A, ne savait pas vraiment quelle thématique l’intéressait. Elle a alors mentionné l’environnement aussi bien que les inégalités sociales. Ce sont finalement à ces dernières qu’elle s’est confrontée, d’abord lors de son stage d’été effectué dans une association à Rennes. Pendant un mois, elle a travaillé dans un « Fab Lab » participatif proposant des outils tels que des imprimantes 3D et spécialement dédié aux personnes en situations de handicap : « Les personnes viennent avec leur projet et l’objectif est de le réaliser ensemble ». Ses missions étaient variées, elle a accueilli les participants mais également travaillé pour la communication de l’association, fait des traductions d’articles et rédigé des conventions. L’année suivante, elle s’est engagée auprès de la Banque Alimentaire, à Reims, et a participé aux collectes et au tri des dons. A l’heure d’écrire son rapport, elle admet que ses deux expériences sont assez éloignées, mais elles constituent chacune une façon de lutter contre les inégalités.
Ainhoa, également en 3A, avait choisi pour thème l’isolement. Elle a ainsi effectué son stage en Nouvelle-Calédonie, d’où elle est originaire, dans le domaine de l’aide aux femmes isolées. A la rentrée suivante, elle a intégré l’association Interagir dans le but d’agir contre l’isolement linguistique. Elle devait alors enseigner le français à une famille afghane, mais le projet s’est révélé parfois compliqué car la famille était souvent absente et les cours se sont faits assez rares. Elle garde cependant un bon souvenir de cette expérience : « J’étais contente d’être au contact de personnes qui ont besoin d’aide! J’ai trouvé ça assez impressionnant d’avoir des réfugiés en face de moi car jusqu’à présent la crise migratoire n’avait pas été vraiment concrète pour moi, venant des îles.
Louise, quant à elle en 2A, a décidé de se consacrer à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Sa recherche de stage n’a pas été de tout repos, car les associations concernées n’ont souvent pas les moyens d’accueillir des stagiaires. Elle a cependant réussi à trouver une place dans un centre d’hébergement d’urgences pour femmes. Elle devait y faire de l’animation mais son stage tombait en plein ramadan et le centre était donc très calme en journée. Cette année, elle est engagée dans une association féministe. Elle regrette de ne plus être vraiment sur le terrain, mais elle apprécie ses nouvelles fonctions et le fait de réaliser quelque chose de concret. Elle conclue au sujet du Parcours Civique : « Je dirais que ça nous permet de nous rendre utile et de sortir du microcosme sciencespiste. Mais dans la thématique que j’ai choisie, ça peut parfois être assez lourd à porter !».
Le constat semble être le même pour ces trois étudiantes aux parcours divers : le Parcours Civique peut parfois être difficile à gérer, mais cela reste souvent une belle expérience.
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