Dernière mise à jour: novembre 2022
La 3ème année du Bachelor de Sciences Po (communément appelée 3A) est une année phare de la formation. Preuve du caractère résolument international de Sciences Po, celle-ci se déroule entièrement à l’étranger.
Au-delà des précisions administratives, nous avons souhaité écrire cet article car nous avons remarqué à quel point la 3A était autant séduisante que floue pour nombre de candidat.e.s; et il nous faut bien avouer qu’elle l’est souvent tout autant pour les étudiant.e.s eux-mêmes. Elle anime nombre de réflexions et de discussions durant les deux premières années de la formation, pour de bonnes raisons!
Cet article aura donc pour but de répondre aux questions éventuelles que peuvent se poser les candidat.e.s (ainsi que les étudiant.e.s 😉 ) et de vous partager, sous la forme de témoignages, l’étendue des possibilités qu’ouvre cette 3ème année.
La troisième année c’est quoi?
La 3A se déroule entièrement à l’étranger, et ce pour tous les étudiants du Bachelor (et des double-diplomes nationaux et internationaux !). Il existe deux types de 3A :
- La 3A classique, durant laquelle l’étudiant.e passe deux semestres dans une des universités partenaires de Sciences Po
- La 3A dite mixte, durant laquelle l’étudiant.e passe un semestre dans une université partenaire puis réalise un stage de 4 à 6 mois dans une institution de son choix. Le stage doit être trouvé par l’étudiant.e et le choix de celui-ci est presque totalement libre. En revanche, le stage doit obligatoirement se dérouler lui aussi à l’étranger.
Sciences Po a réussi à formaliser plus de 470 partenariats d’échanges avec des universités à l’étranger, avec pour objectif de satisfaire les volontés de tout les étudiants du Bachelor. Grâce à ses universités partenaires, réparties sur l’ensemble du globe, Sciences Po garantit ainsi à chaque étudiant de trouver une université qui, grâce à sa localisation ou les cours qu’elles proposent, convienne au projet de 3A qu’il s’imagine. Vous pouvez consulter ici la liste des universités partenaires pour apprécier la diversité des universités proposées. Sciences Po propose des dizaines d’accords d’échange aux États-Unis ou en Australie, ainsi que dans des destinations moins communes comme Trinité et Tobago, le Kirghizistan, le Costa Rica ou encore le Viet Nam.
Il est aussi bon de noter que la spécialisation géographique du Bachelor n’est pas contraignante lors
du choix de sa 3A. Par exemple, Sciences Po n’oblige pas les étudiants du programme Europe-Afrique à choisir une université partenaire sur le continent africain (en revanche, il faut suivre quelques cours sur ladite région du monde pour valider la spécialisation geographique de son diplôme). Autre précision : les vœux de 3A ne sont faits qu’en janvier de la deuxième année : vous avez donc le temps de développer votre projet et de clarifier vos envies avant de devoir faire vos vœux de 3ème année.
Petit disclaimer tout de même : bien que l’année se passe à l’étranger (et loin de Sciences Po), vous
êtes tenus de valider votre année comme vous l’auriez fait à Sciences Po. La 3ème année ce n’est donc
pas une année sabbatique, même si vous aurez évidemment l’occasion de profiter du pays dans lequel vous
serez. Quoiqu’il en soit, vous vivrez une expérience unique et magique!
Témoignages d’étudiant.e.s
Voici quelques témoignages d’étudiant.e.s ayant effectué ou effectuant acutellement leur troisième année à l’étranger, pour vous donner une idée de la diversité d’expériences possibles 😉
Eloi, University of Nairobi, Kenya, année 2022/2023
Après avoir passé 2 ans sur le campus de Reims en programme Europe-Afrique, j’envisageais la 3ème
année comme l’occasion rêvée d’aller vivre dans un pays du continent africain. Malgré l’intérêt que je portais au continent, je n’étais jamais allé en Afrique et, ayant suivi un nombre important de cours portant sur l’Afrique, je souhaitais voir la réalité du terrain. J’ai aussi choisi le Kenya car je souhaitais travailler mon anglais (et mon swahili !).
L’universite dans laquelle je suis est la plus grande du pays, créée immédiatement après son
indépendance. C’est radicalement différent de Sciences Po : l’universite dispense des cours allant de
la médecine à l’anthropologie, et elle accueille plus de 15 000 étudiants. Pour ma part, ayant choisi la
majeure Économies et Sociétés, j’ai choisi une majorité de cours d’économie. Ces derniers sont
particulièrement intéressants puisque les professeurs tendent à choisir des exemples portant sur le
pays directement, ce qui correspond exactement à ce que j’attendais de mes enseignements en 3A.
Au-delà de l’université, c’est aussi pour l’expérience de vivre au Kenya que j’ai fait ce choix. Mes
week-ends sont assez chargés : match de basket, voyage dans le pays, safaris… Ma 3ème année
correspond ainsi parfaitement à mes attentes : une expérience enrichissante sur le plan humain et
scolaire, qui me permet de me retrouver dans des situations que je n’aurais jamais pu imaginer.
Jeanne, Universitas Gadjah Mada, Indonésie, année 2022/2023
Je réalise actuellement ma 3A en Indonesie dans la ville de Yogyakarta. J’ai choisi cette destination parce que je souhaitais pouvoir voyager, découvrir de nouvelles cultures et vivre un vrai dépaysement pendant mon année d’échange. L’Indonésie répondait donc à mes critères et le faible coût de la vie était également un avantage financier pour moi. Cette décision s’est avérée être la meilleure que j’ai pu prendre. La situation sanitaire est bien maîtrisée et le Covid 19 n’a eu aucun impact sur ma 3A.
Si l’université de Yogyakarta UGM, qui est la meilleure du pays, n’offre pas les cours les plus intéressants car le niveau est assez bas et les profs ne font qu’évoquer des banalités, j’ai pu en profiter pour beaucoup voyager. N’ayant que 8h de cours par semaine réunis sur 2 jours et très peu de devoirs à rendre ainsi que pas de partiel, j’ai eu l’occasion de voir les nombreux paysages dont regorge le pays. Entre jungles et plages paradisiaques, j’ai eu la chance de nager avec des tortues, de voir les derniers orang-outang encore liberté ou encore de grimper au sommet des volcans de l’île de Java.
Je ne peux donc que vous recommander l’Indonésie qui est un pays incroyable avec une population très ouverte et bienveillante. Si Bali est particulièrement touristique, le reste de l’archipel reste encore protégé du tourisme de masse, ce qui en fait une expérience unique ! Si vous cherchez à voyager et à vous enrichir par les rencontres et non par la connaissance théorique, alors foncez et n’ayez pas peur d’aller vers des destinations moins « classiques », l’expérience n’en sera que plus belle !
Antoine, University of Copenhagen, Danemark, année 2021/2022
Je suis parti à l’Université de Copenhague au Danemark de septembre à décembre 2021 (seulement 4 mois en raison de la crise sanitaire). Je souhaitais mieux connaître l’Europe du Nord et sortir de ma zone de confort. Même si je n’ai pas appris un mot de danois, j’ai passé un semestre mémorable marqué par des balades à vélo, la culture Scandinave et un cadre de vie tourné vers le bien être. J’ai pu suivre des cours en anglais de science politique et je vivais en collocation avec 4 autres étudiants internationaux. Si l’hiver danois peut être rude, l’ambiance hivernale est magique et les activités ne manquent pas !
Samy, Försvarshögskolan (École supérieure de la défense nationale) à Stockholm, Suède, année 2021/2022, année mixte
Ma troisième année devait être un moment quelque peu « à part ». D’une part, je souhaitais découvrir des disciplines « hors du commun », jamais étudiées lors de mes premières années à Sciences Po. D’autre part, je ne souhaitais pas suivre des enseignements généraux et introductifs. En bref, faire un échange universitaire… sans aller dans une université classique.
Aussi, prétendant travailler en affaires publiques, je souhaitais m’ouvrir à une spécialisation voire une expertise particulière. Dans un monde interconnecté de plus en plus incertain et exposé aux menaces hybrides et multidimensionnelles, j’ai pensé que les enjeux de sécurité et de défense étaient une clé de lecture des réalités contemporaines. Par ailleurs, dans la perspective d’une année hybride permettant de réaliser un semestre de stage à dimension internationale, les domaines de la sécurité et de la défense présentent une facilité certaine dans la recherche d’un stage. Försvarhögskolan, université unique permettant de faire le pont entre le militaire et le civil, est alors apparue comme le choix naturel. En effet, Försvarhögskolan (« Saint-Cyr » suédois) délivre la formation initiale et continue des officiers suédois, y compris des civils de la défense.
Sur le plan des apports personnels, je souhaitais que ma troisième année me permette de découvrir une capitale européenne ainsi que de nouveaux modèles de société. Försvarshögskolan se trouvant en plein cœur de la capitale suédoise, ce choix me permettait de cocher mes deux principales exigences. Ce semestre d’échange m’a donné l’impression de vivre dans un monde parallèle, d’autant plus que les quelques restrictions liées à la pandémie de Covid-19 n’ont pas eu de conséquences sur mon séjour.
Les principales différences entre Försvarshögskolan et Sciences Po reposent essentiellement sur le rythme et la manière de travailler. Tandis que le nombre d’heures hebdomadaires de cours n’excède jamais 4 à 8 heures dans les universités suédoises, Sciences Po tourne plutôt autour d’une vingtaine d’heures. Le faible volume horaire en Suède réduit aussi le nombre d’enseignements : j’ai suivi trois enseignements sur un semestre contre une petite dizaine à Sciences Po. En fait, le temps universitaire suédoise est organisé de sorte que les étudiants ne se concentrent que sur un enseignement à la fois, ce qui permet de s’investir foncièrement dans l’enseignement.
L’autre pendant du volume horaire suédois est une plus large autonomie dans le travail personnel et dans son organisation. Tandis que les cours magistraux des enseignants occupent une place centrale dans la transmission à Sciences Po, les lectures obligatoires sont le cœur des enseignements en Suède. Au contraire, le système universitaire repose davantage sur la liberté, l’autonomie — si ce n’est l’indépendance — et l’apprentissage par soi-même ; des qualités du monde du travail, ce qui en font des caractéristiques utiles par ailleurs. En toute honnêteté, je n’aurais pas apprécié faire toutes mes études dans ce modèle mais peut-être faut-il y être né pour en tirer pleinement profit. Cela dit, les contraintes horaires et de travail étant légères et ne faisant pas obstacle à un projet personnel annexe à la troisième année, ce rythme est idéal pour un échange, notamment après deux années à Sciences Po !
Si j’ai souhaité réaliser un stage lors de mon deuxième semestre de troisième année, c’est parce que j’ai estimé que l’acquisition d’une expérience professionnelle significative, le plus tôt possible et, en plus, dans un contexte international était une opportunité unique avant l’entrée en master. Aussi, ravi de mes cinq premiers mois en Suède, j’ai eu l’opportunité de continuer mon épopée suédoise mais en stage cette fois-ci, en réalisant mon stage au bureau de Business France pour les pays nordiques, sis à l’ambassade de France à Stockholm, de janvier à juillet 2022. Si j’avais déjà bien saisi le mode de vie suédois lors de mon semestre d’échange universitaire, reste que la découverte du monde professionnel allait finir d’achever mes convictions et ma volonté de m’en inspirer. Il existe une flexibilité remarquable dans les relations humaines au travail et dans l’organisation du temps de travail.
À quiconque recherche un équilibre entre les avantages d’un espace urbain et ceux de la nature, Stockholm est sûrement la meilleure chose que l’on peut souhaiter. Les transports publics permettent de se rendre très facilement dans les quatre coins de la ville mais aussi un peu plus loin, au calme, dans l’archipel, à la campagne, près des parcs nationaux ou de plages plébiscitées à la belle période. De nombreuses manifestations animent occasionnellement la ville, même en hiver, notamment la Nobel Week Lights, les représentations de la Sainte-Lucie ou le concours de maisons en pain d’épices à ne pas manquer (à ArkDes)!
Sur le plan des compétences interpersonnelles, je dois avouer que je ne me suis pas senti étranger à l’état d’esprit suédois et que j’en retiens nombre d’aspects positifs que chacun gagnerait à développer, comme un calme à toute épreuve. La société suédoise n’est pas une société de la confrontation mais une société horizontale d’équilibre, où l’individu est fondu dans la collectivité, en même temps que sa particularité et son individualité sont respectées, les remarques intériorisées et les contrariétés absorbées. Aussi, je suis également heureux d’avoir appris quelques bases de suédois !
Ma 3A a été l’occasion pour moi de voyager dans (presque) toute la zone nordique : Oslo (Norvège), Tallin (Estonie), Copenhague (Danemark) ainsi que dans les territoires intérieurs de la Suède (Laponie suédoise, région de Göteborg, Dalécarlie). J’ai également pu rayer « voir des aurores boréales » de ma bucket list
Rétrospectivement, ma troisième année est humblement l’une des meilleures années de ma vie !
Julie, University of Toronto, Canada, année 2021/2022, année mixte
Pour ma 3ème année à l’étranger, j’ai décidé de partir étudier à Toronto, au Canada. J’ai aussi eu la chance de pouvoir réaliser un stage à Porto, au Portugal, rendant cette année hybride d’autant plus enrichissante. Le choix de University of Toronto n’est pas un choix anodin. En effet, il était évident pour moi, dans la continuité du programme Europe-North America, de partir dans un pays anglophone. Malheureusement, mon idée initiale de l’Australie était rendue impossible par la pandémie que nous traversions. En me tournant vers Toronto, je gardais le critère anglophone, tout en traversant l’Atlantique et en me rapprochant des États-Unis. C’est aussi la nature canadienne que j’entendais découvrir.
Ainsi, j’ai pu à Toronto expérimenter le système universitaire nord-américain : un campus immense, les fraternités, les professeurs de renom et les activités étudiantes nombreuses. J’ai aussi pu bénéficier de la proximité avec New-York pour y passer quelques jours, ainsi qu’à Montréal et dans les Rockies du Canada, en Alberta lors d’un road trip final. Je me suis confrontée au grand froid canadien l’hiver, et j’ai pu rencontrer de nombreux élèves internationaux. Bien qu’il semble plus facile pour certains de rester entre français à l’autre bout du monde, je vous recommande vraiment de sortir de votre zone de confort et de rencontrer, créer des liens avec des personnes d’horizons multiples. Mon aventure canadienne fut absolument géniale, bien qu’elle ne m’ait pas donné l’envie d’y rester indéfiniment. J’ai aussi pu la comparer avec mon semestre passé au Portugal, qui lui, a éveillé chez moi une envie certaine de vivre à Porto dans un futur plus ou moins proche, et tirer le meilleur de chacune des expériences !
Anna, pas de d’études à l’étranger, année 2020/2021, année mixte
Ma 3A a été intégralement rythmée par la Covid-19 : je devais partir à Ottawa (ça n’était pas mon premier choix, information très utile pour la suite), mais en mai 2020 suite au confinement, on nous a annoncés que l’université ne pourrait pas nous accueillir en presentiel. Ne me voyant pas réaliser des cours à distance avec 7h de décalage, j’ai réalisé un semestre « hybride » (NB : c’était une année complément unique, et ce dispositif n’existe plus), avec des cours à Sciences Po et un stage au Ministère de la Santé. Pour le deuxième semestre, ma fac n’était toujours pas en mesure de nous accueillir donc Sciences Po m’a laissée faire un stage à l’ambassade de France au Royaume-Uni.
Sur ces deux semestres, tout n’a pas été facile : j’ai fait des dizaines de plan qui se sont arrêtés net, j’ai vu mon rêve de partir à l’étranger tomber à l’eau alors que certains de mes amis sont partis… Mais j’ai énormément appris sur ma capacité de résilience et sur mon parcours professionnel ! Surtout, je me suis construit mon propre parcours, et j’ai pu redemander à partir en échange pour ma césure en Master : cette fois, j’ai eu ce qui était mon premier choix de 3A, Vancouver !
Moralité : tout arrive pour une raison, et il ne faut jamais baisser les bras!